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Légende du Ska
Le ska est un style musical ayant émergé en Jamaïque à la fin des années 1950.
Il se caractérise par un son rythmé et reconnaissable au contretemps marqué par la guitare, les claviers et parfois les cuivres. Il est diffusé internationalement grâce notamment au label Island Records de Chris Blackwell. Laurel Aitken, Toots & The Maytals ou encore Desmond Dekker & The Aces et The Skatalites ont été des pionniers de ce style musical.
Au début des années 1950 en Jamaïque, île dépendant alors du Royaume-Uni, la grande majorité des habitants sont d'origine africaine. La vie y est rude, les noirs n'ont pas le droit de vote, la violence n'est pas rare et la religion est très présente.
Les émeutes sont une plaie chronique, et seuls les bakras, riches blancs implantés en Jamaïque, ont une vie plus aisée. Musicalement, plusieurs îles des Antilles font danser le peuple sur différents rythmes : le merengue dominicain, le kompa haïtien, le calypso de Trinité très en vogue, le son cubain, la biguine de Martinique.
Le folklore local, le mento jamaïcain, quant à lui, est composé d'influences européennes, bantoues et ouest-africaines. Le rythme 4/4 est doux, contrairement au calypso plus rythmé avec son temps 2/2.
Le calypso est surtout joué pour les touristes. Les musiciens locaux jouent aussi du slack, chansons paillardes qui font rire le public pour oublier la dure vie.
Ceux qui possèdent une radio peuvent capter les ondes de Wins, la radio américaine de Miami, la seule qui parvienne en Jamaïque ; on y passe principalement du rhythm and blues et du jazz ; ces musiques ont déjà déferlé sur l'île avec les disques qu'ont amenés les soldats américains basés à Kingston durant la Seconde Guerre mondiale.
Les jazzmen noirs américains ont alors représenté une lueur d'espoir pour les Jamaïcains des ghettos qui se sont mis à jouer tous les soirs, en plein air dans les parcs de Kingston, les chansons qu'ils essayaient de reproduire, mêlées inévitablement aux rythmes qu'ils savaient déjà jouer (mento, calypso, merengue…), produisant leur propre rhythm and blues, le Jamaican boogie ou Jamaican R&B.
Un son nouveau prend forme, avec une basse plus puissante et un rythme de guitare syncopé et plus rapide, comme un avant-goût du ska : le shuffle.
En 1950, les disques 45 tours en vinyle et les sonos apparaissent, faisant naître des sound systems dans lesquels on peut danser à bas prix un peu partout dans l'île. La concurrence devient sauvage : les selecters sont obligés d'enlever les étiquettes de leurs disques pour être les seuls à les posséder.
Une année plus tard, Stanley Motta réalise les premiers enregistrements pour concurrencer le calypso, mais l'île attend un nouveau son, plus branché et plus dansant que le R&B américain.
La déferlante rock n' roll s'abat sur l'île avec notamment Fats Domino et Little Richard ; ce nouveau style mêlé au boogie-woogie, au gospel, très présent dans l'île, au mento local, au jazz, au scat, au calypso, au merengue, aux musiques africaine et cubaine ainsi qu'à la culture de la rue formera un cocktail détonant qui, en explosant, donne naissance au son que tous les Jamaïcains attendaient : le ska.
Le succès est au rendez-vous : les sound systems se multiplient dans l'île, les gens se pressent pour venir danser sur ce rythme endiablé. En 1955, Duke Vin crée le premier sound system jamaïcain à Londres, ville où les émigrés affluent à la recherche de travail.
En 1959, Chris Blackwell enregistre des dubplates qu'il teste dans les sound systems avant de faire presser ceux qui ont bien marché. Les juke-boxes se répandent, aidant en cela à la diffusion de la musique. C'est la naissance de l'industrie musicale jamaïcaine.
En 40 ans, l'île produira plus de 100 000 disques, avec parfois plus de 200 singles par semaine.
La musique étant le meilleur moyen pour se sortir de la misère, il faut produire, toujours produire, car les enregistrements ne sont pas biens payés et les producteurs pas toujours honnêtes.
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